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Hercule à la Renaissance

Analyse : Les juments de Dyomède

Source: Externe

Hercule et Diomède, huile sur toile,

Charles Lebrun, XVIIème siècle, Nottingham Castle Museum and art Gallery

 

Source: Externe (esquisse du tableau)

Qui est Charles Le Brun ?

Le célèbre peintre est né en 1619. Nicolas Le Brun, père de Charle Le Brun est sculpteur. Il travail à l’hôtel particulier du chancelier Pierre Séguier. C’est d’ailleurs grâce à lui (et à son talent) que Charle Le Brun est un peintre à succès, encore mondialement connu de nos jours. En effet, Séguier découvre le talent de Charle Lebrun à ses 11 ans, il va le loger et demandera à Simon Vouet de lui enseigner la peinture puis, plus tard ce sera Nicolas Poussin qui prendra le relais. Il accompagnera Poussin à Rome (dans le cadre de ses études) où il restera quatre ans, recopiera des antiques romains et feras ses propre toiles dans le style histoire antique. Quand il revient à Paris, c’est grâce à l’influence de Séguier qu’il reçoit d’importante commandes, c’est également grâce à lui qu’il devient secrétaire  de l’Académie royale. Il est également nommé directeur de la manufacture des Gobelins par Cobert. Il décora plusieurs châteaux, dont le palais de Versailles (ce qui lui pris 30 ans): escalier des Ambassadeurs, galerie des Glaces… Charle Le Brun est l’incarnation de la réussite dans le domaine artistique. Cet artiste, choyé de tous (surtout de Séguier et du roi) est mort en 1690, après s’être fait remplacer par Pierre Mignard aux Arts et Manufactures.

 

L’œuvre :

I-Description

Hercule est ici représenté triomphant des juments de Diomède. Il domine largement la scène : il est le seul debout, marchant sur Diomède et une de ses juments. Il tient sa massue à deux mains et regarde la jument qui est à terre. Il est représenté avec ses attributs : sa massue, son arc qui est fixé dans son dos et la peau du lion de Némée flottant au vent qu’il porte tel un bouclier dans son dos. La scène se déroule en extérieur, devant un bâtiment qui ressemble à des écuries.

II-Le personnage

 Hercule se trouve ici au milieu du tableau. Il est entouré de ses attributs universels : la massue, l’arc et la peau du lion de Némée, grâce a cela, il sera aisé pour tous, de le reconnaitre. C’est le seul personage du tableau à se tenir debout : tous les autres sont couchés. Hercule est campé, bien en appuis sur ses jambes, son regard transmet au spectateur l’effort qu’il fournit. Il regarde le cheval, cloué a terre par son pied et semble vouloir lui porter un coup de massue. Sa peau de lion qu’il porte fait office de bouclier, de protection ce qui nous intime qu’il est prêt pour le combat. Il lutte contre un mal, non pas les juments mais le tyran : Diomède. La peau de lion flotte au vent et le ciel est nuageux et quelque peu mouvementé cette petite tempête pourrait être l’écho de la lutte que mène Hercule contre les chevaux.

 Hercule est représenté nu, revêtu uniquement de sa peau de lion, ce qui nous permet de contempler son corps et sa musculature. L’Humanisme est un trait spécifique de la Renaissance qui vise à recentrer l’Homme dans l’art, il est au cœur des pensées. Le tableau met donc en valeurs ces critères : on voit toute la dynamique et la tension de chacun de ses muscles.  

Ce tableau fait l’éloge d’Hercule, en effet celui-ci est représenté debout, tout en muscle et triomphant. Il est accaparé de ses différents trophées, ses attributs, qui résultent des nombreuses quêtes, toutes achevés avec succès. De plus il marche sur Diomède : il a vaincu le mal.

III-Structure

Source: Externe

La structure est ici pyramidale, en effet elle traduit de la hiérarchie qui réside dans le tableau, un hiérarchie de force. Hercule, au sommet, debout, triomphe de la bestialité des chevaux, qui sont à présent presque mort. Il surplombe Diomède assommé qui va se faire dévoré par ses propres juments, sa propre tyrannie. Hercule se trouve bien au centre du tableau. Si l’on coupe le tableau en deux parties horizontalement, nous voyons qu’Hercule occupe toute la partie supérieur du tableau, il domine la scène tandis que les chevaux et Diomède sont ensemble, entassées au bat du tableau. Enfin hercule occupe tout le haut, ce qui montre sa force et annonce sa victoire.

Résumé du mythe

En Thrace, vivait un roi sanguinaire. Il s’appelait Diomède. C’était le fils de Mars, le dieu de la guerre et de Cyrène, la néréide. Il régnait sur un immense territoire au nord de la mer Egée. Les îlots rocheux étaient si nombreux que de nombreux navires venaient s’y fracasser. Diomède faisait capturer les naufragés et les donnait en pâture à ses chevaux. Les juments étaient devenues carnivores car le roi de Thrace ne les nourrissait que de chair humaine.

   Réputés indomptables, les juments de Diomède restaient en permanence enfermées dans les écuries, devant leurs mangeoires de bronze et solidement attachées par des chaînes de fer.

    Eurysthée, lui ordonne de se rendre en Thrace, de capturer les juments de Diomède et de les rendre inoffensives.

Hercule embarqua dans la galère de Philos, le plus valeureux lieutenant d’Amphitryon, et se rendit à la capitale de Thrace. Ils arrivèrent la nuit et repérèrent aisément les juments.

Ils entrèrent dans les écuries où ils furent surpris par Diomède et sa garnison. Hercule fit prisonnier le roi et ils épargnèrent les soldats. Hercule jeta Diomède dans les mangeoires en bronze et les juments se ruèrent sur leur repas. Avec ce dernier repas, les juments furent calmées et Hercule pu les approcher et les faire monter à bord de la galère. Repus, les juments embarquèrent docilement. Comme il était convenu, le héros présenta les juments à Eurysthée.

 

IV-Comparaison texte/œuvre

L’œuvre contient quelques infidélités par rapport au mythe originel: Diomède n’est pas représenté dans les mangeoires en bronze, les chevaux ne sont pas attachés et la scène ne se déroule pas dans les écuries. Cependant, Hercule reste maitre de la situation et Diomède est assommé à terre. Cette œuvre représente surement le passage ou Hercule donne Diomède à manger aux juments. La scène précède juste ce carnage.

 

V-Quelques Réflexions

a) Différentes vision du héros à la Renaissance

Pendant la renaissance, il existe plusieurs types de héros, en effet la vision du héros évolue avec le temps. On retrouve en premier le héros de guerre qui est un combattant ou un stratège. Ces qualités sont la vaillance, la vertu ou le pouvoir de commander. Le roi est alors considéré comme un héros. Cette vision du héros se rapproche beaucoup de la médiéval (chevalier, roi …) Il y a ensuite le héros épique, c’est un personnage aux qualités physiques vertueux, c’est un héros aristocratique qui est depuis toujours voué à des actes extraordinaires. Nombres de ces héros sont inspiré ou même repris de l’Histoire grecque et romaine, comme s’est le cas pour Hercule par exemple. En effet, au XVI siècle, Hercule est francisé et doté d’une provenance noble.

« Quant à Hercule, si la tradition des poètes élégiaques l’avait montré amoureux, il avait aussi cessé d’être grec dès le xvie siècle, qui l’avait déjà francisé, non pas en le rendant amoureux, mais plutôt en le dotant d’une naissance prestigieuse et d’une éloquence hors du commun. Hercule a déjà été déclaré « français » au xvie siècle, c’est-à-dire bien né (héritage de l’Hercule de Lybie) et éloquent (relecture de Lucien et création par les humanistes de l’Hercule gaulois) [1]. Cette double caractéristique, qui d’une part attribue à Hercule pour arrière-grand-père Noé et pour grand-père Cham, et qui d’autre part le montre conquérant les peuples par les pouvoirs de son discours, trouve largement sa source dans le « mythe gaulois » [2]. » [3]

[1] Voir Marc-René Jung, Hercule dans la littérature française du xvie siècle, Genève, Droz, 1966.

[2] Sur ce mythe, on pourra consulter l’ouvrage de Claude-Gilbert Dubois, Celtes et Gaulois au xvie siècle. Le développement littéraire d’un mythe nationaliste, Paris, Vrin, 1975

[3] Barbafieri Carine, « Hercule et Achille, héros français au XVIIe siècle : De la vraisemblance à l'âge classique », L'information littéraire, 3/2008 (Vol. 60), p. 43-54.
URL : http://www.cairn.info/revue-l-information-litteraire-2008-3-page-43.htm

Le héros devient ensuite un sujet de parodie.

b) Pourquoi Hercule est un héros privilégié durant la renaissance ?

Hercule est un héros humain. Il a des amours, il doit faire des choix (Vices et Volupté) et fait des erreurs. De plus il est souvent comparé à Richelieu durant la fin de la renaissance, cardinal qui est connus pour son appui et sa sagesse en étant conseiller du roi. En effet, ce tableau fût commandé pour décorer une cheminée du Palais-Royal, qui était alors résidence de Richelieu

« Le thème des travaux d'Hercule ne surprend pas pour une commande de Richelieu, le héros mythique étant souvent assimilé au cardinal-Premier ministre. ».- webmuseo.com

 

Pour aller plus loins : 

 

Biographie de Charles lebrun : http://www.rivagedeboheme.fr/pages/arts/peinture-17e-siecle/charles-le-brun.html

google art projet portant sur charle lebrun : https://www.google.com/culturalinstitute/beta/entity/%2Fm%2F01bs3z?hl=fr

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Hercule à la Renaissance
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